« Il y a déjà plusieurs années, j’avais ressenti deux chocs, deux chocs tellement puissants que je ne pensais plus en rencontrer un jour un troisième. Or, ce « troisième choc »  je l’ai ressenti : il s’appelle Alain BARRIERE ; il revêt pour moi une importance particulièrement grande puisque les deux premiers s’appelaient Gilbert BECAUD et George BRASSENS.

Alain BARRIERE, enfant d’une époque, est le représentant d’une jeunesse. Il sera une grande vedette. »

Bruno COQUATRIX

Juin 1961

En 1961, Bruno Coquatrix célèbre fondateur et patron du mythique Olympia remarque lors d’un radio-crochet une jeune breton, auteur-compositeur-interprète, diplômé des Arts et Métiers d’Angers et ingénieur à Kléber Colombes le jour.

Dès 1962, le jeune artiste italo-breton enchaîne les tubes (« Cathy », « Elle était si jolie », « Ma vie », « A regarder le Mer », « La Marie Joconde », « Emporte-moi », « Rien qu’un homme » …) et tournées sur tous les continents (Canada, Amérique du Sud, Afrique, Asie) qui le font très vite renoncer à son métier d’ingénieur.

En 10 ans, l’artiste originaire de la Trinité-sur-Mer compose plus de 300 chansons dont 10 tubes et 2 titres  (« Ma Vie » , « Elle était si jolie ») dont le succès et les nombreuses versions étrangères en font rapidement des standards de la chanson française. En 1975, Alain est au sommet de sa carrière, il a vendu plus d’un million d’albums avec « Tu t’en vas » et anime une émission en prime time sur TF1 intitulée « Si ça vous chante ».

Mais l’homme est sauvage, rebelle, déteste les mondanités ainsi que la vie en ville, il s’isole parfois des semaines entières pour écrire et se fraye un chemin assez solitaire et très en dehors des systèmes du show-bizz.

Fin 1973, il quitte brutalement et mystérieusement les scènes et plateaux de télévision.

L’artiste n’a en effet qu’une seule idée en tête : bâtir au cœur de la forêt bretonne, à 3 km de la mer une oeuvre architecturale destinée à abriter un complexe culturel du nom de « STIRWEN », étoile blanche en breton.

Le concept est de créer un « point de rencontre » entièrement dédié à la culture et à la fête.

L’artiste a dessiné et redessiné les plans du complexe pendant trois années, trois années au cours desquelles il a également sillonné la Bretagne à la recherche de pierres d’exception. Le bâtiment se veut entièrement en vielles pierres (granit et pierres d’églises), orné de multiples vitraux en toutes ses ouvertures, et cependant résolument moderne de par les formes originales arrondies et une configuration complétement originale.

Quand il est interrogé sur les raisons l’ont poussé dans une entreprise que certains qualifiaient de « folle », « pharaonique » ou « mégalomane » … il répondra simplement « quelque chose que je ne saurais définir m’y a poussé … une force … une inspiration… je ne sais pas ».

Le chantier aurait raisonnablement nécessité plus de trois ans mais l’artiste n’a disposé que de 18 mois… il doit en effet assurer sa rentrée à l’Olympia. En parallèle le succès international du titre « Tu t’en vas » lui apporte en 1975 un troisième standard.

Un bonheur n’arrivant jamais seul il épouse en Février 1975 Agnès, un jeune mannequin rencontré deux mois auparavant qui lui donne une petite fille en août 1975.

Alain dirige l’ensemble des travaux et, après des dizaines de nuits qui n’excèdent pas 3 ou 4 h, à la fin juillet 1975 le STIRWEN surgit.

Le 29 juillet 1975, totalement épuisé, il donnera un concert pour l’inauguration du STIRWEN ; les deux premiers étés se produiront de nombreux artistes.

Les critiques et l’accueil mitigé des bretons resteront sa plus grande blessure…

A la fin des années 70, Agnès la jeune et très créative épouse d’Alain lance les soirées à thème et les fameux « mini show » du Stirwen. Les Nuits Blanches et Kénavo Noz sont désormais mythiques ….

Pour autant, pendant plus de 30 ans les soirées du Stirwen connaissent un grand succès.

Michel Drucker, Johnny Hallyday, Robert Charlebois, Serge Lama, Brigitte Bardot, Thierry Lhermitte se déplacent pour voir l’œuvre …